COMMENT DES PLACES DÉDIÉES Á LA CIRCULATION SONT DEVENUES DES OASIS DE VERDURE DURABLE.

POURQUOI DESCELLER ?

Le descellement améliore le régime des eaux grâce à l’infiltration et au stockage à long terme des eaux pluviales, il favorise la biodiversité et renforce la santé des sols. Cela permet de rafraîchir les îlots de chaleur urbains et les arbres qui poussent absorbent le CO2. Le reste de l’environnement tire également profit du descellement des places : les espaces verts invitent à se détendre, améliorent la qualité de vie de tout le quartier et renforcent le tissu urbain.

UNE NOUVELLE LIBERTÉ POUR LE SOL

Le descellement implique la désimperméabilisation du sol. On supprime le recouvrement des surfaces « artificialisées », c’est-à-dire imperméables à l’eau et à l’air, et on le remplace par des matériaux où l’infiltration est possible. Les espaces verts, le gravier, les voies vertes ou les pavés végétalisés, tous permettent l’infiltration et favorisent une gestion durable des eaux pluviales. Les options de matériaux offertes sont variées et n’excluent pas la viabilité et la praticabilité de ces chemins pour des véhicules. Dans la conception, une distinction est faite entre les surfaces poreuses et les surfaces drainantes.

Les surfaces poreuses sont les espaces verts sur sol naturel ou également les surfaces avec gravier. Dans ce cas, l’eau peut s’infiltrer naturellement. Elle est absorbée par le sol et peut s’évaporer ou s’écouler dans les nappes phréatiques à travers les différentes couches du sol.

Les surfaces drainantes se trouvent souvent sur des surfaces fortement exploitées. On y pose des revêtements accessibles aux voitures et piétons qui, grâce à leurs larges joints, peuvent tout de même absorber l’eau de pluie et la stocker dans les couches sous-jacentes. S’il y a également une ville-éponge sous ces surfaces, l’eau de pluie peut s’infiltrer dans ces éléments de stockage et y rester longtemps disponible pour les arbres.

Le descellement est bénéfique au sol, au régime des eaux et au climat ; il améliore la qualité de vie sur place. Grâce à la combinaison de différentes mesures, les parkings deviennent des parcs biodiversifiés et les espaces asphaltés sans âme se métaphormosent en lieux de détente de grande qualité.

EXEMPLE DE TULLN : QUAND UN PARKING DEVIENT PARC

C’est ce qui s’est passé sur la Nibelungenplatz de la ville autrichienne de Tulln. Cette municipalité d’environ 17 000 habitants se situe non loin de Vienne et est surnommée la « ville-jardin » en raison de ses nombreuses pépinières. C’est dans cette ville qu’un parking de 8 000 m2 situé devant l’hôtel de ville a été transformé en espace vert et en place polyvalente. La ville a ainsi consolidé son image de ville-jardin tout en répondant aux besoins de la population. La population a été impliquée dès le départ dans l’aménagement de la Nibelungenplatz. En 2021, un processus de participation citoyenne, avec vote de la population, est lancé. En 2022, c’est au tour de la phase de concours et de la conception sur la base des résultats du processus de participation. De mai 2023 à juin 2024 s’est déroulée la phase de construction.

La Nibelungenplatz se trouve entre la promenade au bord du Danube et l’hôtel de ville, ancien couvent des Minorites. On peut toujours accéder en voiture à une partie de la place, qui sert toujours de parking, mais elle a été végétalisée et couverte de pavés drainants. En direction du Danube, un parc ouvert relie le couvent aux berges. Trente-huit nouveaux arbres et un descellement de taille ont suscité l’attention des médias. Les journaux ont titré sur le « miracle de Tulln », avec l’herbe qui pousse sur l’ancien parking. Cette couverture médiatique et l’écho positif au sein de la population prouvent la nécessité de tels projets.

ST. PÖLTEN: UN BOULEVARD REVERDIT

À St. Pölten, capitale de Basse-Autriche avec près de 50 000 habitants, un autre projet pionnier devrait faire des émules en Autriche et ailleurs. La promenade qui forme un cercle autour de la vieille ville de St. Pölten était jusqu’à présent exclusivement réservée à la circulation automobile. Sur ses 2,3 km de long voit actuellement le jour un réseau multifonctionnel de chemins piétonniers et de pistes cyclables. On y trouve également des aires de jeux et de repos ombragées, des zones de restauration et d’autres espaces où l’on peut rester sans avoir à consommer. Cela permet de renforcer le tissu urbain et donne à la ville une nouvelle identité qui s’inscrit dans la modernité.

Les nouveaux arbres sont en outre plantés dans de vastes « éponges urbaines » qui offrent un espace suffisant à leurs racines et recueillent l’eau de pluie. Dans le cas de cette promenade, les principaux critères d’aménagement émanent d’une procédure de participation : pour ce réaménagement, la ville a recueilli pendant deux ans les idées et les préoccupations de la population. La mise en œuvre se fait désormais par étapes, pour laisser le temps à la population de s’habituer aux nouveaux tronçons réalisés. La première phase dans la zone sud s’est achevée à l’été 2024 et a déjà donné lieu à de nombreux retours plus que positifs. Au cours des prochaines années, les travaux vont commencer sur les parties ouest et est.

LA VILLE-ÉPONGE DANS LA PRATIQUE

La ville-éponge laisse plus de place à l’enracinement grâce à la structure spéciale, étendue de substrat dans le sous-sol. On pose par-dessus un revêtement drainant, mais pouvant servir aux piétons et aux véhicules. L’eau peut ainsi pénétrer dans l’éponge et reste à la disposition des arbres. À Tulln, onze des trente-huit nouvelles plantations se trouvent à des endroits stratégiques, sur des parkings ou des surfaces polyvalentes souvent fréquentées. Ces arbres ont été plantés dans des « éponges urbaines » souterraines. Les arbres placés dans des espaces verts ou de grands parterres n’en ont pas besoin.

En tant que partie intégrante de la gestion des eaux pluviales, les réservoirs d’eau souterrains de Tulln et de St. Pölten ont déjà prouvé leur extrême efficacité au cours de l’automne 2024. Alors que la pluie dans la région a entraîné une crue centennale en maints endroits, la Nibelungenplatz et le tronçon terminé de la promenade y ont résisté sans problème. À St. Pölten, des précipitations de 447 mm sont tombées en quelques jours selon le service de météorologie et de climatologie en Autriche (le ZAMG). Cela représente environ la moitié de la moyenne des précipitations sur un an. Sur la promenade, cette énorme quantité d’eau a pu s’infiltrer complètement, ce qui a permis aux égouts de pouvoir souffler. Ce projet est considéré, à juste titre, comme pionnier en matière d’urbanisme et d’adaptation climatique des communes. Il montre brillamment comment un urbanisme respectueux du climat peut avoir un impact important, même à petite échelle, et fournit des renseignements pratiques pour les villes et communes du monde entier confrontées à de tels défis.